La plasticienne Dominique Gonzalez-Foerster avait aidé le chanteur Christophe à orchestrer son retour sur scène, à l’Olympia, en 2002, après vingt-six ans d’absence. Son complice Ange Leccia y avait volé quelques images du concert et de ses préparatifs, sans jamais envisager de les rendre publiques. Elles résonnent comme un hommage posthume, trois ans après la mort du chanteur, frappé par le Covid en mars 2020.
On y voit les préparatifs du concert et l’exigence tyrannique avec laquelle Christophe procède aux derniers réglages : la profondeur d’un vibrato, l’enchaînement entre deux chansons, la couleur du texte qui défile sur son prompteur…. Le vieux crooner porte encore beau, derrière ses verres fumés qu’il ne retire jamais, sinon pour une séance de maquillage volée sur le vif. Il recoiffe avec un soin maniaque les mèches de sa belle tignasse blonde (teinte ?). Il effrange au ciseau le col de ses T-shirts.
Il ne se livre guère. On n’apprendra rien sur sa vie, sur ses origines, sur sa célébrité foudroyante à vingt ans à peine, en pleine période yéyé avec son tube Aline – qui l’a fait instantanément détesté de toutes les Aline de France (et à l’époque il y en avait beaucoup), ni sur sa longue éclipse avant son retour sur scène avec une musique plus électro qu’avant.
Ce documentaire « définitif » le montre enfin sur scène. On l’y voit interpréter, de sa voix étrange qui fait le grand écart entre des aigus de castrat et des basses de choriste corse (Christophe, de son vrai nom, s’appelle Daniel Bevilacqua) ses tubes les plus connus dans des orchestrations souvent inédites : Aline, Les Paradis perdus, Señorita, Petite Fille du soleil et, pour finir, bien entendu, Les Mots bleus.
Les fans adoreront. Quant aux autres….