Une jeune journaliste (Anaïs Demoustier), aidée par un producteur sans vergogne (Romain Duris), essaie par tous les moyens de réaliser une interview avec Salvador Dali. Mais l’artiste, fantasque et égocentrique, lui rend la tâche bien ardue.
Quentin Dupieux est de retour pour un nouveau film, aussi désopilant que les précédents, quoique tenu, la célébrité venant, à être de plus en plus mainstream. Il retrouve deux de ses actrices fétiches, Anais Demoustier et Agnès Hurstel, et rallie à lui des nouveaux venus qui forment la crème de la crème du cinéma français contemporain et dont la présence au générique témoigne de son aura grandissante.
En filmant Dali, Dupieux joue sur du velours sans vraiment se risquer hors de sa zone de confort. Ce réalisateur, dont le cinéma loufoque aime à jouer avec les frontières de l’absurde, se frotte à un artiste qui lui ressemble, surréaliste, excentrique et volontiers provocateur.
Le résultat est sans surprise, surtout si l’on a vu la bande-annonce diffusée ad nauseam durant tout le mois de janvier. Il ne décevra pas les thuriféraires de Dupieux. Il ménagera son lot de gags surréalistes, tel cet interminable couloir d’hôtel qu’emprunte Dali pour rejoindre son intervieweuse.
Pour des motifs obscurs, Dupieux a choisi de faire jouer Dali par six acteurs différents : Edouard Baer, Jonathan Cohen, Gilles Lellouche, Pio Marmaï, Boris Gillot ainsi que Didier Flamand qui joue Dali vieux, le bonnet de nuit rouge vissé sur la tête. Le rôle les a obligés à se grimer avec la célèbre moustache en croc de l’artiste, à rouler outrageusement les r et à aaaaaaaallonger les voyelles. Le problème est qu’à ce petit jeu-là, on en vient vite à faire des comparaisons. Elles ne sont guère flatteuses pour Gilles Lellouche, manifestement très mal à l’aise dans l’exercice et dont le rôle a quasiment été coupé au montage, et pour Pio Marmaï. Edouard Baer s’en sort beaucoup mieux. Mais c’est Jonathan Cohen qui l’emporte haut la main.
Comme les précédents films de Dupieux, Daaaaaali ! n’a pas vraiment de scénario. Il ne faut pas escompter y apprendre quoi que ce soit sur la vie de Dali. Son pitch est le prétexte à une concaténation de gags, absurdes autant que drôles, qui s’organisent dans une narration qui, comme les films de Buñuel, fait la part belle aux rêves, aux assoupissements et aux brusques réveils.
Le comique de répétition est le principal ingrédient du film. Le problème de cette forme d’humour est son dosage. Dupieux a une fois encore l’élégance de faire tenir son film en moins de quatre-vingt minutes. Mais, comme la géniale petite phrase musicale signée de Thomas Bangalter (ex-duettiste de DaftPunk), utilisée jusqu’à l’overdose, il faut savoir ne pas abuser des bonnes choses…
[P.S. : Une amie me soutient mordicus qu’Isabelle Huppert est la marraine d’Anais Demoustier. Vrai ou faux ?]