Daphna est inspectrice de police. Elle vient d’être mutée à Afoula, une petite ville de province, loin de Tel Aviv et s’y morfond. Elle s’émeut de la disparition d’Orly, une ancienne reine de beauté, veuve d’un soldat tombé au front, et suspecte un crime sur fond d’adultère.
Grand Prix du dernier festival Reims Polar, Highway 65 nous vient d’Israël. Mais son sujet est universel. Son ambiance moite m’a rappelé le bayou de Louisiane de True Detective. La loi du silence à laquelle Daphna se heurte m’a quant à elle rappelé l’Andalousie de La Isla Minima.
Comme tous les bons polars, Highway 65 vaut d’abord par son héroïne. La quarantaine, bougonne et solitaire, le visage mangé par ses lunettes, incapable de manger un falafel sans en étaler la sauce sur son corsage, Daphna n’a rien d’aimable. Pourtant, on s’attache à elle et on partage vite son entêtement à résoudre l’énigme à laquelle elle est confrontée.
Cette énigme trouve peut-être sa solution dans une vidéo que Daphna découvre sur le portable d’Orly. Des indices se révèlent progressivement, mettant Daphna sur la piste de la belle-famille d’Orly, les Golan, qui ont pris sous leur protection la jeune femme après la mort de son mari. Les soupçons de Daphna se resserrent : le père, qui peut-être a entretenu une liaison avec Orly ? la mère qui se tait pour protéger les siens ? le fils cadet qui exerce sur Daphna une attirance vénéneuse ? Mais les Golan, riches entrepreneurs, jouissent à Afoula d’une réputation sans tache et Daphna ne peut pas compter sur sa hiérarchie pour mener à bien ses investigations.
Highway 65 est un polar canonique, respectueux des règles du genre qui ne révèle guère de surprises, jusque dans les surprises qu’il révèle.