Une jeune femme (Dakota Johnson), de retour d’Oklahoma, monte à l’aéroport JFK de New York dans un taxi. Destination : le centre de Manhattan. La discussion s’engage entre la passagère et le conducteur du taxi (Sean Penn).
Un film nocturne tout entier tourné à l’intérieur d’un véhicule ? Vous avez l’impression que mon blog bégaie et que je vous en ai déjà parlé ? En effet ! Il y a quelques jours à peine, je chroniquais Le Choix avec Vincent Lindon, un film français qui suivait sa tête d’affiche, l’oreille collée à son portable pour essayer de faire de l’ordre dans sa vie, pendant un trajet automobile nocturne vers une destination inconnue.
Il n’y avait dans Le Choix qu’un seul protagoniste. Il y en a deux dans Daddio, qui ne s’étaient jamais rencontrés avant que leurs chemins se croisent. La question qui se pose – et que je me suis posée pendant tout le film – est la crédibilité de leur rencontre ou, plutôt, celle de leur dialogue. Car qu’un conducteur de taxi rencontre une passagère, il n’y a à cela rien d’extraordinaire. Que la conversation s’engage, sur le temps qu’il fait, l’état du trafic ou les dernières actualités, pourquoi pas ? Mais avez-vous déjà raconté votre vie au conducteur de votre taxi ? vos amours, vos emmerdes, vos secrets les plus intimes ? et vous a-t-il en retour dispensé de sentencieux conseils ?
Car c’est de cela dont il s’agit dans Daddio – un titre que je n’ai pas compris (renvoie-t-il au surnom, scandaleusement incestueux ou délicieusement complice, dont l’héroïne a affublé son amant ?). Une passagère raconte sa vie amoureuse au chauffeur de son taxi. Pour épicer un peu l’intrigue, elle échange simultanément des sextos à l’amant susmentionné qui se languit d’elle. Comment la banquette arrière d’un Yellow Cab se transforme-t-elle en canapé freudien ? C’est le tour de passe-passe auquel le film voudrait nous faire croire.
J’ai beau savoir que les interactions aux Etats-Unis sont plus fluides qu’en France, je suis resté bloqué tout le long du film sur ce point-là : je n’ai pas cru une seconde à la possibilité d’un dialogue entre ces deux personnages. Dès lors, tout dans Daddio m’a semblé sonner faux.