À la fin des années vingt, Eileen Gray, une architecte irlandaise, a construit une petite maison à Roquebrune Cap-Martin. Cette villa avant-gardiste, coincée entre la voie ferrée et la Méditerranée, fut baptisée E.1027 en mêlant les initiales de son nom et de Jean Badovici, architecte et rédacteur en chef de la revue L’Architecture vivante, qui partageait alors sa vie (10 =J, 2 = B, G=7). Mais le couple s’est séparé et Le Corbusier, ami de Badovici, fit main basse sur la maison qu’il adorait, en la recouvrant de fresques qui en dénaturèrent l’apparence et en laissant la postérité lui en attribuer la paternité.
Deux documentaristes suisses ayant suivi la luxueuse restauration qui vient d’être achevée de E.1027 après que la propriété laissée à l’abandon a été acquise par le Conservatoire du littoral à la fin des années quatre-vingt-dix, ont eu l’idée d’en faire un film. Sa forme est originale. Elle mêle des images tournées sur place qui donnent à voir ce bijou d’architecture et de courtes scènes jouées par trois acteurs interprétant les rôles respectifs de Gray, de Badovici et de Le Corbusier à partir des textes qu’ils ont laissés.
Le résultat a le mérite de faire connaître ce lieu et son histoire hors normes. Les distributeurs ont jugé bon de lester l’affiche d’une phrase « Une histoire sur le pouvoir de l’expression féministe et le désir des hommes de la combattre » inutilement militante. Un ajout superflu qui n’apporte pas grand-chose à un sujet qui se suffisait à lui-même.