Prima la Vita ★☆☆☆

Francesca Comencini est la fille de Luigi Comencini, un immense réalisateur italien qui tourna une quarantaine de films parmi lesquels des chefs-d’œuvre tels que Pain, amour et fantaisie, L’Argent de la vieille ou Les Aventures de Pinocchio. Devenue réalisatrice elle-même, Francesca revient sur son enfance dans cette fiction autobiographique dont elle dit qu’elle y a pris quelques libertés avec la réalité sans préciser lesquelles.

On y découvre une petite fille passionnément aimée par son père et passionnément attachée à lui. Pour souligner la force de ce lien, la réalisatrice a gommé de son film sa mère et ses trois sœurs. Le père et sa fille sont seuls dans un face-à-face qui devient vite asphyxiant. Car, après le vert paradis des amours enfantines, l’adolescence de Francesca est plus ombrageuse. Alors que l’Italie plonge dans les années de plomb (née en 1961, Francesca est lycéenne quand Aldo Moro est assassiné), Francesca se rebelle contre l’ordre bourgeois incarné par son père, fait de mauvaises rencontres dans la Rome bohème et plonge dans la drogue. Pour l’en sevrer, son père décide de quitter l’Italie pour la France.

Prima la vita annonce, dès son titre, son projet contradictoire. « La vie avant le cinéma » est en effet un programme paradoxal pour un film qui met en scène l’un des plus grands réalisateurs italiens, nous le montre, toujours impeccablement cravaté, en train de tourner Les Aventures de Pinocchio. L’un des sujets du film est en effet la vie de Luigi Comenici (peut-on à son sujet parler de biopic ?). C’est en tout cas l’un des aspects du film qui attise notre curiosité même si la réalisatrice, avec ce titre-là, a l’air de nous dire : « Ne venez pas voir mon film en croyant qu’il parlera de cinéma ; car je veux parler de la vie plus que de cinéma ».

Puisque Prima la vita n’entend pas, hélas, parler de cinéma, laissons-le nous parler de la vie. Je peinerais à citer des films célèbres ayant pour sujet la relation père-fille (Bonjour tristesse, La Passion Béatrice, Mon père ce héros, La Fille de son père…). Prima la vita embrasse le point de vue de Francesca. Elle évoque bien sûr sa rebellion adolescente et sa chute dans la dépendance. Mais ce qui ressort avant tout c’est l’amour infini qu’elle porte à ce père vénéré, c’est l’admiration pour sa rigueur intellectuelle et sa créativité artistique, c’est la reconnaissance pour l’aide indéfectible qu’il lui a apportée alors qu’elle manquait de le décevoir.

Prima la vita est un cénotaphe dressé à la mémoire d’un père adoré (décédé en 2007). On imagine volontiers tout ce que la réalisatrice a mis dans son film. Mais on ne peut hélas que se sentir un peu oublié dans ce tête-à-tête qui ne nous concerne pas.

La bande-annonce

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