Willy, le brun, et Jojo, le blond, vivent dans une commune rurale du Maine-et-Loire. Les deux lycéens partagent la même passion pour le moto-cross qu’ils pratiquent à La Pampa, sur le terrain du père de Jojo (Damien Bonnard). Entraîné par Teddy (Artus), Jojo est bien placé pour décrocher le titre de champion de France.
Des quatre coins de l’Hexagone, nous viennent ces derniers temps des petits films français qui racontent la vie telle qu’elle est et qui remportent un succès mérité : En fanfare du Nord, Jouer avec le feu de Moselle, Vingt Dieux du Jura, La Pie voleuse des Bouches-du-Rhône et maintenant ce La Pampa, au titre faussement latino-américain, du Maine-et-Loire.
Sélectionné au dernier festival de Cannes dans la Semaine de la critique, La Pampa est l’œuvre d’Antoine Chevrollier qui s’est fait un nom dans le monde des séries (Le Bureau des légendes, Baron noir, Oussekine) avant de signer son premier long.
Son scénario est riche en rebondissements qui en rendent le résumé particulièrement piégeux. Disons, pour ne pas trop en dire, qu’un secret est révélé à la fin du premier tiers et qu’un drame glaçant marque la fin du deuxième. Disons aussi, puisque d’autres critiques ont pris la liberté d’en parler, qu’il y ait question d’homosexualité (mais ne laissez pas l’affiche du film vous entraîner sur une fausse piste) et d’homophobie.
L’écriture du film est particulièrement soignée. Elle présente l’originalité de confier le rôle principal, celui de Willy, interprété par Sayyid El Alami, repéré dans Leurs Enfants après eux, à un personnage secondaire : ce n’est pas en effet Willy mais plutôt Jojo qui est le personnage le plus important du film, celui autour duquel la narration se construit.
L’autre qualité de La Pampa est le soin apporté aux personnages secondaires. Il faut évidemment évoquer Damien Bonnard qui, de film en film, réussit la gageure d’être à chaque fois parfait, ici en père toxique qui a reporté sur son fils ses ambitions déçues, ainsi qu’Artus, désormais auréolé du succès surprise du P’tit truc en plus, dont il était à la fois le réalisateur et un des acteurs, à contre-emploi. Mais il ne faudrait pas oublier les personnages féminins : Florence Jaunas, dans le rôle de la mère de Willy, la prometteuse Léonie Dahan-Lamort dans le rôle d’une jeune étudiante aux beaux-arts qui ouvre à Willy des horizons insoupçonnés et enfin la jeune Axelle Fresneau, dans celui de sa petite sœur, une pré-ado pas plus haute que trois pommes, qui à onze ans à peine laisse deviner une étonnante maturité.