Una et Diddi étudient ensemble à la faculté des beaux-arts de Reykjavik, appartiennent au même groupe de musique et filent le parfait amour. Seul problème : Diddi est officiellement en couple avec son amie d’enfance, Klara. La situation devrait toutefois se résoudre rapidement : Diddi doit prendre, dès le lendemain, l’avion pour annoncer à Klara son intention de rompre.
When the Light Breaks se déroule dans un court laps de temps, celui qui sépare deux couchers de soleil sur la baie de Reykjavik. Son titre original Ljósbrot est un mot islandais qui associe deux notions dont l’une signifie la lumière et l’autre casser. Il renvoie à la fois au coucher de soleil et à la mort de Diddi.
Car Diddi mourra à l’aube. Ne criez pas au divulgâchage ! La bande-annonce l’évoque et l’événement intervient dans les toutes premières minutes du film. On comprend alors mieux son sujet : celui du deuil impossible d’Una, obligée de ravaler son chagrin devant les amis éplorés de Diddi et devant Klara arrivée de toute urgence de sa lointaine province.
Le sujet est à mon sens inédit. J’en connaissais le symétrique : celui du deuil obligé du compagnon qu’on a cessé d’aimer et qu’on est tenu de pleurer (je pense à Emmanuelle Devos dans Ceux qui restent). Il est poignant. Il est très riche scénaristiquement : on imagine volontiers les développements, tragiques ou pourquoi pas comiques, qui peuvent en être tirés.
Le reproche qu’on pourrait adresser à Rúnar Rúnarsson est de ne pas avoir tiré tout le parti d’aussi riches prémices. When the Light Breaks se révèle, à l’expérience, un peu décevant qui, après une première moitié captivante, laquelle met lentement l’action en scène, jusqu’à la réunion de ces cinq ou six amis unis par le même chagrin, s’étiole et s’étire dans sa seconde.
Mais il lui sera beaucoup pardonné pour au moins quatre raisons. La première, la plus touristique, est le plaisir d’entr’apercevoir quelques uns des paysages les plus iconiques de la capitale islandaise : son église luthérienne, sa salle de concert, le Tjörnin… La deuxième est le sublime oratorio Odi et Amo de Jóhann Jóhannsson – qu’on peut entendre dans la bande-annonce. La troisième est le visage hyperboréen de Elín Hall, sylphide à la peau lactescente picotée de taches de rousseur, coupe garçonne, look androgyne. La dernière est le plan final, d’une ravageuse tendresse, qui résout à la perfection le dilemme dans lequel Una était enlisée.