Née en 1920, Anna Halprin danse depuis près d’un siècle. Elle a fréquenté les plus grands : Martha Graham dont elle fut l’élève, Merce Cunningham dont elle fut la partenaire, Trisha Brown dont elle fut le professeur. Elle a traversé tous les styles et les a souvent devancés comme dans « Profiles and Changes » où les danseurs se dénudaient sur scène : ce spectacle fut, pour ce motif, censuré en 1965 alors qu’une telle scène est aujourd’hui d’une banalité convenue.
Ruedi Gerber avait déjà consacré à la chorégraphe américaine en 2010 un premier documentaire où elle faisait retour sur sa carrière. Celui-ci est moins nostalgique. Il suit un atelier qu’elle anime sur une plage de Californie du nord battue par les vents, avec quelques danseurs non professionnels en quête d’un nouveau dialogue corporel inspiré des sculptures d’Auguste Rodin.
La démarche de l’artiste n’est pas éloignée de celle d’un gourou entouré des adeptes de sa secte. Ses références répétées au pelvis et à la kinesthésie, ces corps nus qui se contorsionnent dans la boue peuvent parfois prêter à sourire.
Mais, tout sens du ridicule bu, l’art d’Anna Halprin, son audace, sa quête du Vrai et du Beau produisent une émotion rare.