L’action se déroule à Gênes sous l’occupation allemande à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Emanuele Bardone (Vittorio De Sica) est un joueur invétéré et un mythomane accompli. Portant beau, il abuse de la crédibilité des familles de prisonniers italiens en prétendant qu’il peut intercéder auprès des autorités allemandes. Mais sa supercherie ayant été révélée, il est fait prisonnier. Le chef de la police allemande, le colonel Müller, décide de le faire passer pour le général Della Rovere, un haut gradé qui vient d’être tué alors qu’il tentait de revenir en Italie y prendre la tête de la Résistance. Il lui demande, en échange de sa libération, de dénoncer ses co-détenus.
J’ai découvert Rossellini durant l’été 1992, en pleine révision, grâce à une rétrospective diffusée dans l’un des cinémas du Quartier-Latin (était-ce la Filmothèque ou le Champo ?). Je me souviens encore du choc que j’ai ressenti devant Rome ville ouverte, Païsa, Allemagne année zéro que j’avais vu à la suite l’un de l’autre, au risque d’y délaisser mes cours de droit public et de macro-économie. Je me demande comment j’y réagirais aujourd’hui. Car le cinéma de Rossellini a mal vieilli. Sa grandiloquence est passée de mode.
Le Général Della Rovere (qui, à l’origine, est sorti en France sous le titre Le Général de la Rovere avant, quelques années plus tard de revenir à un plus orthodoxe « Della ») est tourné quinze ans plus tard, à l’orée des années soixante. Le néoréalisme italien a fait long feu. Mais le cinéma de Rossellini n’a guère évolué. Il tourne toujours en noir et blanc un sujet édifiant tiré d’une histoire vraie qui s’est déroulée durant la Seconde guerre mondiale.
Le Général… est l’histoire d’une rédemption. Un minable arnaqueur va devenir un héros. On retrouve là les thèmes qui traversent tout le cinéma de Rossellini : son humanisme, sa foi chrétienne, son communisme, l’exaltation des valeurs de la Résistance au fascisme…. Ces thèmes sont-ils encore d’actualité ?
Qu’on instruise ou pas ce procès-là contre ce film, il est sauvé par la fluidité de sa mise en scène et surtout par l’interprétation de Vittorio De Sica. Le réalisateur du Voleur de bicyclette est impérial dans le rôle titre. Il réussit tout à la fois à lui donner la gouaille du malfrat et la noblesse du héros de guerre.