Joachim (Bastien Bouillon) est un homme violent, prisonnier de ses addictions, qui fait souffrir les femmes qui tombent sous son emprise. Laura (Zita Hanrot) a réussi à s’en libérer. Elle élève désormais seule à Nice leur fille, Lou, et se reconstruit lentement, même si la vie quotidienne n’est pas toujours facile. Joachim est désormais en couple avec Shirine (Alexia Chardard) et manifeste à son égard les premiers symptômes de la jalousie et de l’agressivité, identiques à ceux dont Laura a si douloureusement pâti. Aussi c’est elle que Shirine appelle à l’aide.
Aux jours qui viennent est un film à thème, sur la violence masculine. On ne saurait l’en blâmer tant le sujet est d’une douloureuse actualité. Sur ce thème-là, Jusqu’à la garde fut peut-être l’un des meilleurs films français de ces dix dernières années. D’ailleurs Aux jours qui viennent souffre de l’ombre portée de ce précédent d’anthologie, couvert de prix (quatre Césars en 2019).
Le film a un défaut : un scénario qui multiplie les incohérences. Il aurait gagné à se concentrer sur la ville de Nice que Nathalie Najem filme comme n’importe quelle métropole, pluvieuse et bruyante, loin de l’image de carte postale qu’on en a. Il fait un long détour inutile par la Sicile. Il se termine par une scène totalement improbable sur le rooftop d’un hôtel de luxe.
Le film a en revanche une qualité : l’interprétation de ses acteurs. Il faut dire un mot de Maya Hirsbein, la gamine de neuf ans à peine qui interprète le rôle de la fille de Laura. Belle comme un cœur, elle évite le piège dans lequel tombent souvent les très jeunes acteurs et présente une telle ressemblance avec sa mère sur scène qu’on sort de la salle convaincu qu’elle en est réellement la fille à la ville. Mention aussi à Zita Hanrot, découverte dans Fatima qui lui valut le César du meilleur jeune espoir féminin en 2016. On la revoit toujours avec plaisir (La Vie scolaire, Rouge) mais on regrette qu’elle peine à trouver le film ou le rôle qui feront d’elle une star.
Mais celui qui aimante l’écran, c’est Bastien Bouillon. Le gentil flic de La Nuit du 12, le gentil pote peroxydé de Partir un jour démontre l’ampleur de son talent en se muant en toxico pas gentil du tout, susceptible d’exploser d’une seconde à l’autre et d’assommer de coups sa compagne. Sa prestation écrase celle des autres actrices pourtant talentueuses (on retrouve avec plaisir Marianne Basler, dans le rôle de la mère perchée de Joachim, dans deux scènes parfaites) et donne au film toute sa toxicité.