« Objets inanimés avez-vous donc une âme. Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? ». Pas sûr que les gais lurons qui ont concocté « Sausage party » et donné la parole aux aliments d’un supermarché soient des admirateurs de Lamartine. Mais bon… ce n’est pas ce qu’on leur demande. Et j’avais envie d’étaler ma culture !
On imagine volontiers ces joyeux drilles pétés comme des coings concocter le dessin animé le plus subversif possible :
« Et si le héros était une saucisse en forme de pénis ? »
« Et s’il rêvait de fourrer un petit pain à sandwich bien moelleux »
« Et si le méchant était une poire à lavement vaginal ? »
« Arrête de déconner ! Aucun producteur ne financera jamais un délire pareil ! »
« Pas grave ! On va le financer nous-mêmes parce qu’on est les potes de Seth Rogen et qu’on s’est déjà fait plein de thunes dans les films de Judd Appatow ! »
Quelques années après cette soirée éméchée, « Sausage party » arrive sur les écrans. Et le plus étonnant est que rien du délire initial n’a été édulcoré. Toutes les valeurs américaines les plus sacrées, sur lesquelles Pixar bâtit ses meilleurs films, sont foulées au pied. Les sujets les plus graves sont traitées avec une dérision trash : le conflit israélo-palestinien, la drogue, l’obésité… Beaucoup plus réussi que « American Pie » qui, sous des airs faussement subversifs, versait irrésistiblement dans la bienpensance, « Sausage Party » parvient à être politiquement incorrect jusqu’à sa scène finale qui vous fera hurler de rire – ou vous étouffer d’indignation !