En 1950, un Staline vieillissant passe quelques jours dans une datcha isolée au milieu de la forêt, protégée du reste du monde par un impressionnant déploiement de force. Il règne en maître sur quelques militaires et sur une domesticité terrorisés. Il demande à sa maîtresse, Lidia Semionova, de pratiquer des séances de psychothérapie sur un divan qu’il a voulu identique à celui qu’utilisait Freud. Pendant ce temps, au fond du parc, un jeune artiste travaille au monument que Staline entend se faire construire sur la place Rouge.
Le Divan de Staline est un film faussement historique. L’action se déroule en 1950. Le héros est le célèbre Joseph Staline au faîte de son pouvoir. Mais le manque de moyens prive cette reconstitution de toute authenticité. Écrasée par une musique sursignifiante, l’action ne quitte jamais le château portugais où le tournage a été réalisé. Les uniformes des soldats du corps de garde sentent la naphtaline et les traits de leurs visages sont plus ibères que slaves.
Emmanuelle Seigner n’a rien perdu de la sensualité empoisonnée qu’elle distille à chacune de ses apparitions, depuis Frantic jusqu’à La Vénus à la fourrure. Mais le choix de Gérard Depardieu pour interpréter un Staline vieillissant et obèse est trop caricatural pour laisser apprécier le talent – immense – de notre Gégé national.
Quant au triangle amoureux qui se noue entre le tyran, sa maîtresse et le jeune artiste, il manque à la fois de crédibilité et de lyrisme. Filmé sans imagination en plan fixe à coups d’interminables dialogues prétentieux, Le Divan de Staline avait plus sa place sur une scène de théâtre que sur un plateau de cinéma.