Jane (Kristin Scott Thomas) fête son entrée au gouvernement en recevant chez elle quelques intimes : April (Patricia Clarkson) son amie de toujours, avec son mari allemand (Bruno Ganz), Martha (Cherry Jones) la militante féministe et sa compagne Jinny (Emily Mortimer) qui attend des triplés, Tom (Cilian Murphy) qui est venue sans son épouse Marianne censée prendre la direction du cabinet de Jane. La soirée commence dans l’insouciance.
The Party est gâché par une mauvaise idée : ce titre ultra-référencé, emprunté à Peter Sellers et que rien ne fera oublier. Mais cette mauvaise idée est la seule d’un film qui frise la perfection.
Unité de temps, unité de lieu, unité d’action. The Party ressemble à du théâtre filmé mais n’en a pas les défauts. Pas d’interminables monologues. Pas d’écrasantes prestations d’acteurs. Pas d’histoires qui tournent en rond en attendant que l’amant sorte du placard.
The Party a une immense qualité : sa durée. Soixante huit minutes qui passent comme un éclair. À se demander pourquoi les films doivent tous respecter les sempiternelles quatre-vingt-dix minutes alors qu’ils gagneraient en rythme et en nerfs en s’en amputant de vingt.
En soixante-huit minutes, tout est dit. Les personnages sont introduits. La tension naît de l’anxiété de Tom, l’épatant Cilian Murphy, qui sue à grosses gouttes et cache un pistolet. Sur qui va-t-il tirer ? Sur Jane qui reçoit des SMS enflammés de son amant ? Sur son mari abruti par l’alcool ? Sur April l’insupportable amie dont les compliments sont autant de reproches ? Sur Martha qui a passé sa vie à défendre la cause des femmes ?
C’est Bill, le mari, qui le premier fait une révélation qui change du tout au tout l’ambiance de la soirée. Une deuxième bientôt lui fait suite qui transforme instantanément la victime en bourreau. Puis une troisième qui fait du procureur un accusé. Les masques se fissurent, reléguant au second plan la brillante réussite de Jane qu’on était censé fêter entre amis. Quand la sonnette retentit pour rompre le huis clos, on se souvient, sans y croire, de l’arrivée tardive d’un invité de la dernière heure. Le film se termine quand la porte s’ouvre.