En 1967, Jean-Luc Godard est au sommet de sa gloire. L’auteur du Mépris d’À bout de soufle et de Pierrot le fou incarne à lui seul la Nouvelle Vague. Pourtant il ne se résigne pas à reproduire les recettes éculées de ses précédents succès. Pressentant les événements de Mai-68, il cherche à réinventer son cinéma.
Le Redoutable est la libre adaptation de l’autobiographie de Anne Wiazemski qui épousa Godard en 1967 – et le quitta trois ans plus tard. C’est d’abord l’histoire d’un couple déséquilibré (elle a vingt ans, il en a dix-sept de plus) mais profondément uni (une profonde tendresse les unit et jamais n’éclate entre eux la moindre dispute). Mais c’est avant tout l’histoire d’un homme : un scrogneugneu en révolte permanente contre l’ordre établi, un grand bourgeois au langage châtié qui revendique sa proximité avec une classe ouvrière qu’il ne connaît pas et qu’au fond il méprise. Un tel personnage aurait dû être horripilant ; mais son intégrité le rend attendrissant.
On a, à bon droit, dit le plus grand bien de l’interprétation de Louis Garrel. Il se fond parfaitement dans le rôle de Godard – avec la même aisance que Pierre Niney dans celui de Yves Saint Laurent. Les cheveux, les lunettes, le zozotement, tout est parfait. Mais sa prestation ne doit pas éclipser celle de Stacy Martin, parfaite elle aussi dans le rôle de la jeune Anne, si jolie, si fraîche, éperdue d’admiration pour Godard, mais au final suffisamment intelligente pour comprendre son aveuglement et refuser son égoïsme.
L’interprétation de Louis Garrel ne doit pas non plus faire oublier la mise en scène de Michel Hazanavicius. Le réalisateur oscarisé de The Artist aurait pu se contenter – comme Godard à la fin des années soixante s’était refusé de le faire – de suivre lentement la pente toute tracée creusée dans ses précédents films. Au lieu de tourner le troisième épisode de OSS 117, il se frotte à un genre nouveau pour lui, le biopic, et à un monstre sacré, Godard. Le défi est relevé haut la main.
Impossible de porter une appréciation : à aucun moment je n’ai pu « entrer » dans ce film…pas de chance !