« Famille, je vous hais ». Le huis clos familial qui tourne mal est un style cinématographique à part entière. Thomas Vinterberg en a réalisé l’archétype avec Festen et son indépassable cruauté. La comparaison ne peut donc tourner qu’au désavantage du premier film d’Antoine Cuypers.
Nathalie Baye, majestueuse, et Arno, à contre-emploi, forment un couple bourgeois heureux de réunir leurs enfants. Leur cadette veut leur faire une surprise. Mais la fête tournera au vinaigre.
Préjudice réussit à instiller le malaise par des cadrages décentrés et une musique anxiogène. Quel lourd secret de famille est caché ? Quel drame va se dérouler sous nos yeux ? Le spectateur, mis en tension, attend un coup de théâtre ou une révélation qui ne vient pas.
Mais le sujet du film est ailleurs et il se révèle lentement. Loin du politiquement correct, il est traité avec une brutalité étonnante dont il est difficile de dire plus sans déflorer le sujet. Plusieurs fins étaient concevables entre lesquelles Cuypers ne choisit pas, renvoyant dos à dos Cédric, le fils différent, et sa mère trop protectrice.