Daphné a trente ans. Elle vit à Londres. Depuis la mort de son père, ses relations avec sa mère se sont tendues. Le jour, Daphné travaille d’arrache-pied dans un restaurant. Elle traîne de bar en bar la nuit et la finit parfois dans le lit d’un inconnu.
Sa vie n’a guère de sens. Une agression à l’arme blanche dont elle est témoin lui en redonnera.
J’entrais dans la salle certain d’adorer Daphné dont la bande-annonce m’avait conquis au premier regard. J’étais sûr de fondre pour cette rousse flamboyante au profil préraphaélite, pour ses noctambules déambulations londoniennes, pour son humour tendre, pour sa quête amoureuse… J’imaginais volontiers un mélange de Gloria, Frances Ha, Bridget Jones et Jeune femme, une Gena Rowlands britannique, une cousine londonienne de Greta Gerwig, une petite sœur de Renée Zellweger, une Laetitia Dosch d’Outre-manche,
Quelle ne fut ma déception ! Car Daphné, loin d’être séduisante, refuse avec la plus suprême énergie de plaire. Bourrue, cynique, solitaire, misanthrope, blessante, elle y réussit tant et si bien qu’elle finit par déplaire. On me dira que la caméra toujours bienveillante de Peter Mackie Burns, qui signe son premier film, réussit à en peindre le portrait paradoxal. Ce serait juger avec beaucoup d’indulgence une histoire violemment dépourvue d’enjeu dramatique, un coup de couteau porté à un commerçant pakistanais et le travail pour dépasser le traumatisme de ne pas avoir su l’empêcher ne suffisant pas à donner à ce film inconsistant la tension qui lui fait cruellement défaut.