James Silva (Mark Wahlberg) est un agent spécial de la CIA. Il appartient au groupe ultra-secret Overwatch qui accomplit des opérations homicides pour le compte de l’agence américaine. C’est avec son équipe qu’il liquide une cellule d’espions russes infiltrés aux États-Unis avant de recevoir une nouvelle affectation en Asie.
En Indocarr (sic), un agent double vient lui proposer, en échange de l’asile sur le sol américain, les moyens de retrouver un stock de césium qui court dans la nature. Silva doit parcourir 22 miles pour l’escorter de l’ambassade américaine jusqu’à l’aéroport.
Le pitch de 22 Miles (étrange traduction en français de Mile 22) rappelle à la virgule près celui de 16 Blocs où Bruce Willis interprétait un policier chargé d’escorter un témoin à charge du commissariat au palais de justice de New York où il doit être entendu. Mais la comparaison s’arrête là ; car entre 2006 et 2018, le cinéma d’action américain a bien changé. Sous l’influence des jeux vidéo, il n’hésite plus à filmer sans état d’âme la mort en face. 22 Miles enchaîne, non sans complaisance, les scènes meurtrières mettant en présence l’équipe de James Silva, son précieux colis et les forces de police lancées à sa poursuite
Les MMA (mixed martial arts), le krav maga, le jiu-jitsu se sont mondialisés. Et il n’est plus un blockbuster hollywoodien, depuis Star Wars jusqu’à Mission impossible, qui n’en utilise les recettes éprouvées pour épicer ses scènes de combat. Ici, c’est le pencak silat, un art martial indonésien , qu’utilise Peter Berg, l’efficace réalisateur de Deepwater, Traque à Boston, Du sang et des larmes. Aux côtés de Mark Wahlberg, son acteur fétiche, il fait jouer Iko Uwais, rendu célèbre par The Raid. Le garçon a de la santé et le démontre dans une scène de combat impressionnante censée se dérouler dans l’infirmerie de l’ambassade américaine.
Peter Berg semble renouer avec ses meilleurs réalisations, comme Le Royaume ou Lions et Agneaux, en donnant à son histoire un arrière-plan politique : il s’agit ici de dénoncer un régime asiatique corrompu (on reconnaît sans peine l’Indonésie que les producteurs n’ont pas osé citer de peur de se fermer un public de deux cents millions de spectateurs) sur fond de Grand Jeu américano-russe. Mais son ambition est moindre. Il filme des scènes d’action. Certaines sont bluffantes comme la prise d’assaut du repère d’espions russes en prologue ; d’autres le sont moins comme la scène de l’immeuble qui louche trop ostensiblement du côté de The Raid.
L’épilogue – qui se donne les apparences d’un twist final renversant – annonce une suite. On ira la voir par curiosité ; mais on le regrette déjà.