Comme son sous-titre l’annonce, Basquiat nous fait revivre l’adolescence du jeune artiste né en 1960 qui, dès 1976, dans une métropole en plein chaos, commence à graffer sur les murs du Lower East Side sous le pseudonyme SAMO (« Same Old Shit »). L’adolescent en rupture de ban vit dans la rue, squatte chez des amis, vend des T-shirts ou des cartes postales de sa fabrication.
La notoriété viendra plus tard, après la présentation de ses premières œuvres au Times Square Show, une exposition organisée sur les murs lépreux d’un ancien bordel, et son passage à la télévision à l’émission de Glenn O’Brien qui le présente à Andy Warhol.
Sara Driver, qui était la compagne de Jim Jarmusch et fréquentait le jeune Basquiat dans ces temps-là, revient non sans nostalgie sur cette période. Son documentaire est d’un grand classicisme, sans guère de facture cinématographique, composé alternativement d’interviews de témoins de l’époque et d’images d’archives.
Paradoxalement, Basquiat est moins le portrait d’un artiste que celui d’une époque. Le jeune graffeur reste une silhouette dont on entend à peine la voix et dont on ne percera pas les secrets de son art sinon qu’il s’inscrit en rupture avec l’impasse dans lequel l’art abstrait s’était enfermé.
Avec une étonnante puissance, Basquiat nous raconte un New York pas si lointain au bord de la faillite financière et du chaos social. Les images sont frappantes qui montrent des rues désertes, des immeubles en ruines, quelques junkies hagards échangeant leurs seringues à ciel ouvert. Cet environnement là a été le creuset de nouvelles formes d’art, moins intellectuelles, plus spontanées. Sur les rêves brisés des Beatniks, le nihilisme punk naissait.