Cassius Green (Lakeith Stanfield) vit dans le garage de son oncle avec Detroit, une performeuse (Tessa Thompson). Le couple, qui tire le diable par la queue, est recruté par une société de télémarketing.
En prenant au téléphone la voix nasillarde d’un Blanc, Cassius (prononcer : Cash is) en devient bientôt le meilleur employé. Mais tandis qu’il obtient une promotion éclair auprès du patron cocaïnomane de la société Worryfree, engagée dans un obscur projet de déshumanisation de la chaîne de travail, , ses camarades se mettent en grève pour obtenir de meilleures conditions de travail.
Sorry to Bother You est un film désopilant qui avait fait sensation à Sundance avant sa sortie en salles. Sa forme emprunte volontiers aux dystopies DIY et gentiment surréalistes d’un Michel Gondry – qui a d’ailleurs réalisé le film publicitaire qu’on voit dans la seconde moitié du film.
Sorry to Bother You est d’abord un film sur la condition noire aux États-Unis et sur la difficulté pour y vivre dans un monde de Blancs. Le sujet n’est pas nouveau et avait été traité avec la même féroce ironie par Justin Simien en 2014 dans Dear White People.
Mais Sorry... ne se réduit pas à cette seule dimension. C’est avant tout une œuvre politique qui dénonce la cupidité des entreprises et les tares du capitalisme. Quoique distribué par une major hollywoodienne, Sorry to Bother You est un film profondément subversif qui ridiculise autant qu’il récuse les valeurs du système américain.
Première réalisation de l’ancien rappeur Boots Riley, Sorry to Bother you n’est pas sans défaut. On sent que son auteur a voulu y mettre trop de choses et trop en dire. Comédie poilante, satire grinçante, anticipation effarante, plaidoyer vibrant, Sorry to Bother you est beaucoup pour un seul film.