Le centenaire de la Première guerre mondiale est derrière nous. Il a été l’occasion en France et dans le monde d’une impressionnante série de commémorations de toute nature. C’est avec un décalage de quelques mois qu’arrive sur nos écrans le documentaire réalisé à grands frais par Peter Jackson. Au-delà de son sujet qui lui attirera tous les amoureux d’histoire contemporaine, il présente deux arguments de vente. Le premier est l’identité de son réalisateur qui a porté à l’écran avec le succès que l’on sait la saga de J.R.R. Tolkien. Le second est la colorisation et la sonorisation des images d’archives censées leur donner plus de vie.
Les deux arguments ne sont guère opérants. Que Peter Jackson, pour des raisons familiales (le grand-oncle de son épouse a combattu sur la Somme), nourrisse une fascination pour la Première guerre mondiale est une chose. Que cela le qualifie pour en parler en est une autre. Nulle part ne trouve-t-on la patte d’un grand réalisateur dans ce documentaire qui se borne à enchaîner les images d’archives lestées en voix off du témoignage d’anciens combattants.
Quant à la colorisation, elle ne nous surprend plus guère depuis qu’Apocalypse avait inauguré le procédé.
Pour les soldats tombés se concentre sur la vie du contingent britannique expédié en France. Rien ne nous est dit sur le contexte historique et militaire de leur participation à la Première guerre mondiale. Le parti pris revendiqué est de reconstituer leur quotidien et de comprendre leur état d’esprit, un étonnant mélange de chauvinisme, de bravoure, d’inconscience et de fatalisme.
On passe beaucoup de temps sur le sol britannique pendant leur recrutement – où les plus jeunes mentent sur leur âge pour accompagner leurs aînés sans imaginer un instant le déchaînement de violence qui s’abattra sur eux. On nous montre ce qu’ils mangent, ce qu’ils portent (un seul et unique uniforme pendant quatre ans et ses fameuses bandes molletières dont personne ne leur avait expliqué l’usage). Puis on les suit dans les tranchées, tuer l’ennui, chasser les poux, patauger dans leurs fèces avant d’être lancés à l’assaut des lignes ennemies.
Passée la première demie-heure et satisfaite la curiosité que le projet et son auteur avaient fait naître, on s’ennuie ferme sans rien apprendre.
Coucou !
Je viens de voir que ce film est à l’affiche. Je prévoyais d’aller le voir ce weekend. Je suis bien content d’être tombé sur ta critique. Je la trouve comme d’habitude très constructive. Du coup j’y réfléchirai à deux fois avant de le visionner.