Dans la famille Rappeneau, je demande le fils. Tout le monde connaît Jean-Paul Rappeneau et ses films qui dessinent, depuis cinquante ans, une filmographie aussi laconique qu’élégante : Les Mariés de l’an II (1971), Le Sauvage (1975), Cyrano de Bergerac (1990). Pas facile de faire carrière au cinéma quand son père y occupe une place si prestigieuse. Julien s’y emploie pourtant. Scénariste reconnu (Largo Winch, Cloclo, Zulu), il passe pour la première fois derrière la caméra.
Ce qui frappe dans Rosalie Blum, c’est précisément la qualité du scénario. L’histoire est successivement filmée à travers les yeux des trois principaux protagonistes : Vincent, la trentaine, étouffé par sa vieille mère, écrasé d’ennui par une vie sans surprise ; Rosalie Blum, une épicière solitaire que Vincent décide d’espionner ; Aude, la nièce de Rosalie, qui, à la demande de sa tante, se met à son tour à espionner Vincent pour découvrir ses motifs.
N’exagérons pas ! Rosalie Blum n’est pas Rashomon, le chef-d’œuvre indépassable de Kurosawa qui a inventé la narration non linéaire au cinéma. Il n’en reste pas moins un divertissement intelligent, emblématique d’un cinéma français au cordeau, bien écrit, bien filmé, bien joué (mention particulière à Sara Giraudeau dans le rôle stéréotypé de la copine frappadingue). Bon sang ne saurait mentir.