« Un film sans sexe, ni violence. » Voilà ce que ma (vieille) maman aime au cinéma. Aussi lui avais-je chaleureusement conseillé le dernier film de Thomas Lilti, le réalisateur du très réussi Hippocrate. Sans doute le sponsoring de France bleue avait-il endormi mon sens critique. Car ma bientôt octogénaire génitrice m’a sévèrement tancé pour mes conseils mal avisés : « Un film trop conventionnel, cousu de fil blanc, ennuyeux. »
Abonderai-je dans son sens ? Pas du tout. Rebelle je fus. Rebelle je reste. Toujours adolescent, je revendique le droit de désapprouver le goût de mes parents. Ce Médecin de campagne m’est apparu comme un portrait plein de tendresse d’un métier exigeant. Moins âpre que La Maladie de Sachs, l’excellent film de Michel Deville adapté du non moins excellent livre de Martin Winckler. Mais tout aussi intelligent. Décrivant avec finesse la grandeur et les servitudes de ce sacerdoce.
Thomas Lilti aurait pu se contenter de filmer François Cluzet, philanthrope et vieillissant, comme Michel Deville filmait déjà Albert Dupontel. Il leste son histoire d’un personnage secondaire, la trop sophistiquée Marianne Denicourt qui interprète le rôle d’un jeune médecin venant à la fois apprendre son métier et seconder un confrère malade. Cet ajout pourrait être fatal au film. Mais la délicatesse de la relation qui se noue entre les deux protagonistes, mêlée de respect et de désir, lui donne un charme durable.