Simenon est un génie, Michel Simon aussi. La rencontre de deux génies filmée par l’un des plus grands réalisateurs français de l’époque a produit un film injustement oublié, pas loin d’égaler les chefs-d’oeuvre de Marcel Carné, René Clément, René Clair, Jean Renoir…
Un cadavre est retrouvé dans une fête foraine. Le taciturne monsieur Hire connaît l’assassin : c’est l’amant de la femme qu’il aime.
Les romans de Simenon sont de faux polars. L’élucidation d’un crime n’y est qu’un prétexte à l’exploration de l’âme humaine. Panique est un film sur la solitude : monsieur Hire vit seul dans un meublé sordide, inconsolé du départ de sa femme, mis à l’écart par ses voisins qu’intimident son intelligence aiguë et son refus de sympathiser. Mais plus encore, Panique est un film sur la bassesse humaine : la foule cherche un meurtrier pour le crime commis et trouve en monsieur Hire un coupable tout désigné qu’elle poursuivra de son aveugle vindicte. Un thème qui n’est pas sans résonance en 1946.
Panique est l’adaptation des Fiançailles de Monsieur Hire. Patrice Leconte en réalisa un remake en 1989 avec Michel Blanc et Sandrine Bonnaire, moins fidèle au roman de Simenon. Dans ce film, que j’ai vu au jeune temps de ma cinéphilie naissante et dont j’ai gardé un souvenir très vif, l’accent est mis sur la relation entre le solitaire et la demoiselle. Remake réussi mais moins riche que celui de Duvivier.