Longtemps, l’homme n’a couru que lorsqu’il y était obligé. C’est d’ailleurs encore mon cas. Je tiens pour sages les opinions des docteurs du début du siècle dernier qui estimaient que la course à pied était dangereuse pour la santé. Hélas, dans les années 60, les baby boomers se sont piqués de jogging et de running. Plus grave : les femmes, qu’une sage tradition maintenait en lisière de ces pratiques dangereuses, y ont revendiqué leur place.
Pierre Morath, un documentariste suisse, nous raconte l’histoire passionnante du running. À partir d’étonnantes images d’archives et des témoignages de coureurs de légende – dont la bonne santé à soixante-dix ans passés tendrait à infirmer mes théories sur la nocivité du sport – il nous montre comment un loisir pratiqué par quelques hurluberlus est devenu une mode planétaire. Mes amis – et ils sont nombreux – qui s’enorgueillissent de courir le marathon, les 20 km de Paris ou de grimper la tour Eiffel à cloche-pied friseront l’orgasme devant ce film consacré à leur passion masochiste.
Quatre destins exceptionnels – dont j’ignorais tout – sont présentés. Kathrine Switzer est la première femme à avoir couru le marathon de Boston alors qu’il était encore (en 1967 !) réservé aux hommes. Noël Tamini a créé la revue bimestrielle Spiridon qui a démocratisé la course à pied en la faisant sortir des stades. Steve Prefontaine, athlète américain surdoué, mort à 24 ans, a amorcé la professionnalisation de ce sport en s’associant à une petite PME de l’Oregon, Nike. Enfin Fred Lebow a inventé le marathon de New York.
La principale qualité de ce documentaire est aussi son principal défaut. Ces quatre destins sont passionnants et auraient mérité à eux seuls de plus longs développements. L’histoire du running reste à écrire.