Dans une paisible ville de Californie, le docteur Bennell découvre chez ses patients d’étranges symptômes : ils ne reconnaissent plus leurs proches. Ses craintes se réaliseront bientôt : des clones extraterrestres germent dans d’énormes cocons et profitent de la nuit pour s’emparer de l’esprit des habitants.
Invasion of the Body Snatchers n’est pas un film de zombies. L’affiche pourrait le laisser croire, ainsi que le titre français, traduction erronée de « body snatchers » qui signifierait plutôt « voleurs de corps ». Il faudra attendre La Nuit des morts-vivants de George A. Romero pour fixer en 1968 les règles de ce sous-genre et en lancer la mode toujours vivace aujourd’hui.
Il est le seul film de science-fiction de Don Siegel qui s’illustra à Hollywood par quelques films noirs avant de devenir le mentor de Clint Eastwood. Avec une remarquable économie de moyens et sans aucun effet spécial, il réussit à distiller une peur paranoïaque qui va crescendo.
Le film pèche par sa fin maladroite, reflet des désaccords entre les scénaristes et les producteurs. Le roman de Jack Finney se terminait par un happy end niaiseux. Le scénario de Daniel Mainwaring était autrement plus percutant qui se concluait par un gros plan sur le docteur Bennell près d’être rattrapé par les « Body snatchers » et criant face caméra : « They’re here already! You’re next! You’re next! ». Les producteurs ont exigé une fin moins pessimiste.
Le film se prête à deux interprétations. La première, maccarthyste, en fait un pamphlet contre le communisme accusé de s’insinuer insidieusement dans la pensée des honnêtes gens en tuant leur individualité et leurs émotions. La seconde, antimaccarthyste, en fait au contraire une dénonciation contre tous les fascismes qui, jouant sur le grégarisme des masses, refusent l’expression de la dissidence. Ces deux interprétations radicalement opposées sont aussi plausibles l’une que l’autre.