Judd Apatow aurait révolutionné la comédie américaine en repoussant les limites de la bienséance. C’est vrai. C’est faux.
Le réalisateur de 40 ans toujours puceau et de En cloque mode d’emploi a popularisé un humour potache, volontiers transgressif. Amy Schumer, la scénariste et l’actrice principale de Crazy Amy (audacieuse traduction du titre original Trainwreck), nous fait hurler de rire. Elle y est aidée par une brochette de seconds rôles remarquables : Tilda Swinton en directrice de publication narcissique et sadique, LeBron James en star autoparodique du basket, Ezra Miller, l’inquiétant héros de We Need to Talk about Kevin, en stagiaire déluré…
Pour autant, le cinéma de Judd Apatow n’est transgressif que dans sa forme. Au fond, il véhicule un conservatisme très mainstream. Si Amy commence par enchaîner les coups d’un soir elle se convertit bien vite à la monogamie. Ce moralisme fadasse entame le plaisir pris à rire des situations hilarantes imaginées par Amy Schumer, mais il ne nous dissuadera pas d’aller voir son film suivant.