Svetlana Alexevitch a reçu le prix Nobel de littérature l’an passé. Ses livres font entendre la voix, patiemment enregistrée, des témoins de l’histoire : les femmes ayant combattu pendant la Grande guerre patriotique de 1941-1945 (« La Guerre n’a pas un visage de femme »), les soldats de la guerre d’Afghanistan (« Les Cercueils de zinc ») ou les survivants de Tchernobyl (« La Supplication »).
C’est ce dernier livre publié en 1997 que le réalisateur luxembourgeois Pol Cruchten porte à l’écran, pariant probablement sur la récente notoriété que l’attribution du prix Nobel a conférée à son auteure.
Hélas, le pari est loin d’être réussi. Un recueil de témoignages peut faire un excellent livre. C’était le cas de « La Fin de l’homme rouge » qui avait fait connaître Alexievitch en France et que j’avais adoré. Mais il ne fait pas nécessairement un bon film. Pendant que des voix off psalmodient (en français) le texte de Alexievitch, Cruchten tourne des images de Tchernobyl et de Pripiat, la ville fantôme, abandonnée de ses habitants et peu à peu conquise par la végétation. Ces images sont désormais connues et n’inspirent aucune émotion. On s’ennuie ferme pendant une heure vingt-six.
Sur Tchernobyl, la fiction réalisée en 2011 par Michale Boganim, « La Terre outragée », était autrement réussie.