Au début du dix-neuvième siècle, Jeanne vient d’achever sa scolarité chez les sœurs. Elle est la fille unique du baron et de la baronne Le Perthuis des Vauds. Elle épouse un jeune vicomte. Mais la vie lui apportera bientôt son lot de désillusions. Son mari la trompe. Sa meilleure amie la trahit. Son fils unique est une canaille qui lui ment et la vole.
On avait laissé Stéphane Brizé avec les succès, critiques et publics, de « La Loi du marché », César mérité du meilleur film 2015, « Quelques heures de printemps » et « Mademoiselle Chambon ». On le retrouve, à contre-emploi et sans Vincent Lindon son acteur fétiche, dans cette adaptation en costumes du célèbre roman de Guy de Maupassant.
La mise en scène peut surprendre. Pire : elle peut irriter. Stéphane Brizé tourne un film très classique de façon très moderne. Par l’image d’abord : un format carré, des très gros plans, la caméra à l’épaule. Par le montage ensuite : flashback et flashforward, montage très cut, alternance de scènes très courtes et plus étirées, dilatations du temps. Par le scénario enfin : Stéphane Brizé évite volontairement les « grandes » scènes filmant l’avant et l’après. Un exemple : on ne verra pas Jeanne surprendre son époux avec sa maîtresse, mais on l’accompagnera jusqu’à la porte de sa chambre au moment de l’ouvrir, puis on la verra ensuite éperdue de chagrin courir à moitié folle dans le parc.
Ces partis pris radicaux ont déconcerté une critique qui a massivement désavoué ce film. Ils ont aussi découragé des spectateurs qui l’ont boudé – les chiffres de la première semaine sont mauvais. À condition d’en être prévenu, à condition aussi de les accepter, on pourra néanmoins y adhérer et être ému jusqu’au tréfonds par la vie tragique de Jeanne Le Perthuis des Vauds.