Fils d’un officier de police, Joe Coughlin revient traumatisé des champs de batailles de la Première guerre mondiale. Petit malfrat irlandais à Boston, il verse dans la grande criminalité par soif de vengeance, après la disparition de la femme qu’il aime.
Ben Affleck persiste et… ne signe pas. Après « Gone Baby Gone », « The Town » et « Argo » (Oscar inattendu du meilleur film 2013), il signe probablement son film le moins convainquant.
Pourtant l’affiche avait de quoi mettre l’eau à la bouche. Une adaptation de Dennis Lehane, le romancier peut-être le plus populaire à Hollywood (« Mystic River », « Gone Baby Gone », « Shutter Island »). Un film à costumes au temps glorieux de la Prohibition, sur les traces revendiquées de « Il était une fois en Amérique », Les Incorruptibles », « Boardwalk Empire ». Et une pléiade de jeunes stars prometteuses autour de Ben Affleck : Elle Fanning, Zoe Saldana, Siena Miller.
Difficile de reprocher grand chose à l’acteur-réalisateur qui fait honnêtement son travail. La reconstitution des années 20 est fastueuse. Le scénario est bien rythmé. Les acteurs sont impeccables. Mais malgré toutes ses qualités, « Live by Night » ne fonctionne pas. Il ne suscite aucune émotion, aucune empathie pour ses personnages, aucun intérêt pour ses situations.
La responsabilité en revient paradoxalement à la matière, trop riche, du roman de cinq cent pages de Dennis Lehane. Il aurait fallu une mini-série de plusieurs heures pour en tirer toute la substance. Ben Affleck – qui signe également le scénario – a voulu le faire tenir en deux heures et huit minutes. Pari impossible qui condamne « Live by night » à survoler trop rapidement quinze années de la vie d’un gangster irlandais, des faubourgs de Boston aux quais de Tampa, à traiter chaque épisode comme autant de vignettes (la poursuite en voitures, le trafic d’alcool, la rivalité entre gangs) et à négliger, faute de temps, des personnages secondaires riches de potentialités.