Horacia vient de passer trente ans en prison pour un crime qu’elle n’a pas commis. Pendant sa captivité, son mari est décédé, son fils a disparu, sa fille s’est éloignée d’elle. Horacia décide de se venger de l’homme à l’origine de son incarcération.
Dostoïevski aux Philippines. « La Femme qui est partie » emprunte moins au Monte Cristo de Dumas qu’au Raskolnikov de Dostoïevski. Contrairement au résumé que je viens d’en faire, il y est moins question de vengeance que de rédemption. Car le lumineux personnage de Horacia ne va pas assouvir une froide vengeance. Elle se laisse distraire de son dessein par ses rencontres : un marchand bossu, un travesti épileptique et une mendiante timbrée. Jusqu’à un dénouement final aussi logique que surprenant.
Ce dénouement, il faut l’attendre trois heures quarante cinq. Pour l’auteur de « Death of the land of encantos », une œuvre de neuf heures, « La Femme… » a des allures de moyen métrage. Mais pour le spectateur normalement constitué, il constitue une véritable épreuve. On veut bien accepter que cette dilatation du temps, cette succession de longs plans fixes impeccablement organisés et subliment éclairés dans un noir et blanc poétique visent à mieux nous immerger dans l’histoire de Horacia. Mais on ne peut s’empêcher de penser que la même histoire aurait pu être racontée en deux heures de moins sans que sa force en soit diminuée.