Un père divorcé accueille ses deux fils, Tom (huit ans) et Ben (onze ans), en Suède où il s’est installé. Il les entraîne dans une longue marche en forêt.
Un homme et ses enfants dans une forêt inhabitée. Le thème n’est pas nouveau. Il vient d’être traité avec quelle efficacité par Viggo Mortensen dans Captain Fantastic, un de mes coups de cœur de l’année 2016. Deux ans plus tôt, en France, Cédric Kahn s’était inspiré de l’histoire vraie de Xavier Fortin qui s’était caché dans la nature pendant onze ans avec ses deux fils (Vie sauvage, 2014). Dans ces deux films, la forêt était un refuge, en marge d’une société oppressive aux codes réprouvés.
Dans la forêt ne repose pas sur le même message politique. Ce père – dont on ne saura pas le prénom – ne fuit pas tant la société que lui-même, entraînant dans sa fuite ses deux fils. On pense plutôt à l’atmosphère oppressante des romans de David Vann qui ont l’Alaska pour décor, un père neurasthénique et son fils pour héros.
Pour filmer cette dérive anxiogène, Gilles Marchand n’en est pas à son coup d’essai. Auteur du scénario de Harry, un ami qui vous veut du bien, il a réalisé Qui a tué Bambi ? (avec Sophie Quinton qui fait ici une trop courte apparition) et L’Autre Monde. Ces trois films ont en commun de jouer sur les peurs, de créer un malaise, de flirter avec le cinéma d’horreur.
La sobriété de l’intrigue est la principale qualité et le principal défaut de ce film angoissant. Passé la première demi-heure, le récit se referme sur son trio de personnages installés dans une maison menaçant ruine au cœur de la forêt. Rien ne les distrait – sinon l’arrivée de trois campeurs scandinaves. La tension monte. Tom, le plus jeune fils, a des visions cauchemardesques que son père encourage, au lieu de l’aider à les es chasser. Le scénario s’étire, ne maintenant l’intérêt du spectateur que dans le suspense qu’il crée sur l’issue de cette fuite sans retour.
Inutile d’ajouter que j’ai préféré La La Land.