Les Tswana bantouphones constituent le premier groupe ethnique du Bechuanaland, un territoire largement désertique d’Afrique australe. Le roi Khama III décida en 1885 de se placer sous la protection de la Couronne britannique pour se prémunir de l’expansionnisme des Boers d’Afrique du Sud. Son petit-fils monta sur le trône en 1925 à l’âge de quatre ans seulement. Tandis que la régence était confiée à son oncle, il partit parfaire son éducation à Londres. En 1947, il y rencontra Ruth Williams, en tomba amoureux et l’épousa contre l’avis du conseil de régence et contre celui de l’administration britannique. Il réussit néanmoins à la faire accepter de son peuple, mena le Botswana à l’indépendance en 1966 et en devint le premier président démocratiquement élu jusqu’à sa mort en 1980.
C’est cette histoire vraie, qui avait déjà fait l’objet de plusieurs ouvrages (A Marriage of Inconvenience de Michael Dutfield et Colour Bar de Susans Williams), qui est portée à l’écran.
Sans doute A United Kingdom a-t-il l’avantage – comme la trop longue introduction de cette critique – de nous apprendre un pan inconnu de l’histoire du Bostwana. Mais c’est bien là le seul atout de ce film qui par ailleurs échoue dans les grandes longueurs.
Comme tant d’autres de ces prédécesseurs – y compris le mythique Out of Africa dont je ne comprends pas la renommée usurpée – il sombre dans un exotisme de carte postale. Le coucher de soleil sur la savane qui en décore l’affiche en annonce la couleur.
Ses personnages sont d’un manichéisme caricatural : les Blancs britanniques et racistes sont plein de morgue, les Noirs tswanas (y inclus le héros d’origine nigériane qui n’en a guère les traits) sont dignes et épris de liberté.
Là où Meryl Streep et Robert Redford réussissait à faire souffler un vent d’érotisme sur la savane, Rosamund Pike et Martin Oleweyo sont bien trop sages. Comme s’ils avaient été obligés de se couler dans le carcan guindé qui sied à un couple présidentiel et sans lequel la diffusion de ce film dans toutes les écoles du Botswana pendant le prochain demi-siècle n’aurait pas été possible.