En 2013, le jeune Palestinien Mohammed Assaf a remporté le concours Arab Idol, suscitant dans son pays une liesse populaire jamais vue.
On a connu Hany Abu-Assad, le réalisateur de Paradise now, l’histoire de deux Palestiniens sur le point de commettre un attentat-kamikaze, mieux inspiré. Sa plate biographie du chanteur de téléréalité Mohamed Assaf aligne les pires lieux communs. Pour nourrir une histoire qui n’aurait pas suffi à tenir la durée d’un film, il lui invente une enfance dans les rues de Gaza.
L’adorable bambin a une voix d’ange – l’inverse aurait été surprenant. Il a aussi une sœur qui est la complice de ses facéties malicieuses et l’inspiratrice de ses rêves de gloire. Mais cette sœur connaîtra un destin cruel, de ceux qui font sangloter dans les chaumières, qui nourrira chez le jeune chanteur une inaltérable soif de revanche.
On le retrouve une dizaine d’années plus tard, le poil au menton, mais le filet de voix toujours aussi enchanteur. Il étouffe à Gaza – subtile allusion au blocus israélien. Contre l’avis de son meilleur ami devenu entretemps fondamentaliste – subtile allusion au conflit entre le Fatah et le Hamas – et au nez (et à la barbe voir supra) de douaniers malhonnêtes – subtile allusion à la corruption qui gangrène l’Autorité palestinienne, notre héros parvient à se glisser en Égypte pour participer aux éliminatoires de l’émission Arab Idol. Et devinez ce qu’il adviendra …
À son extrême fin, lorsqu’il insère les images documentaires de la victoire de Mohammed Assaf, Le Chanteur de Gaza prend une autre dimension. Il révèle l’impact de cette victoire en Palestine. Un peuple asservi s’est soudainement découvert une fierté nationale. Dommage que le film n’ait pas plus creusé cette veine documentaire au lieu de s’égarer dans un soap opera au suspens éventé.