Cessez-le-feu ★★☆☆

La Grande Guerre – qu’on n’appelait pas encore la Première – a levé son lourd tribut sur les Laffont, une famille de notables provinciaux. Jean, le benjamin, est porté comme tant d’autres disparu. Marcel, le cadet, a perdu l’usage de la parole. Georges l’aîné est parti pendant quatre années en AOF, se livrer à la contrebande de main d’œuvre et d’objets d’art, pour oublier l’enfer de Verdun.
Quand Georges rentre finalement en métropole en 1923, il peine à y retrouver sa place, entre sa mère écrasée par le chagrin, son frère muré dans le silence, et la belle professeure de signes de celui-ci.

Cessez-le feu n’est pas un film sur la Première guerre mondiale, mais sur les traumatismes qu’elle a causés. Le sujet est souvent traité pour les guerres les plus récentes : la guerre du Vietnam (The Deer Hunter), la guerre du Liban (Valse avec Bachir), la guerre d’Irak (Of Men and War, Un jour dans la vie de Billy Lynn). Il ne l’avait guère été pour la Première guerre mondiale parce que ses syndromes (PTSD en anglais : post traumatic stress disorder) ne seraient pas diagnostiqués avant la seconde moitié du siècle.

Le mérite en revient au scénario original écrit par Emmanuel Courcol, qui signe à près de soixante ans un premier film tout en délicatesse après avoir longtemps travaillé avec Philippe Lioret (Welcome, L’Équipier, Welcome). On est dans le cinéma français dans ce qu’il a de meilleur, dans ce qu’il a aussi de plus conventionnel : une reconstitution historique fidèle (mention spéciale à la toute première scène, véritable plongée dans l’enfer des tranchées), une direction d’acteurs parfaite (on peine à distinguer qui de Romain Duris, de Céline Salette et de Grégory Gadebois est le meilleur), une mise en scène irréprochable.

Ce cocktail réussi produit un film élégant qu’on regarde avec intérêt mais qui n’allume aucune étincelle. Cessez-le-feu est une mise en bouche avant la sortie de l’adaptation d’Au revoir là haut, le prix Goncourt de Pierre Lemaître, annoncée pour le 25 octobre 2017.

La bande-annonce