Simon et Sifredi sont frères. Vincent Pouplard les filme dans leur marginalité. Pas comme des bêtes sauvages menaçantes, mais comme des hommes tout simplement.
Il y a deux façons de recevoir ce documentaire anticonformiste.
La première est d’adhérer à ses partis pris radicaux. Vincent Pouplard – qui poursuit une collaboration nouée avec la Direction de la protection judiciaire de la jeunesse – ne livre pas un film à thèse dont ses deux protagonistes seraient les cobayes. Il choisit au contraire de les filmer tels qu’ils sont, dans un squat, dans la forêt où, l’été venu ils construisent une cabane. La caméra du documentariste se fait volontiers vagabonde, oublie ses sujets pour filmer la lumière dans laquelle ils vivent. Le résultat est déroutant. La paisible marginalité de Roman et Sifredi est tout sauf misérable ou menaçante. Elle résonne comme une hymne à la liberté et à l’anarchie.
La seconde est de se lasser bien vite – même si ce moyen métrage ne dure que cinquante neuf minutes – des images esthétisantes, de l’absence de scénario et surtout de ces deux slameurs quasi-analphabètes qui se prennent pour Rimbaud ou Thoreau parce qu’ils se sont construit une cabane en ânonnant des vers.