Stéphane est un jeune militant de la cause nationaliste corse qui a dû quitter l’île sous les menaces de mort d’une faction rivale. Il y revient au risque de sa vie à l’occasion de l’enterrement d’un compagnon de lutte.
J’attendais beaucoup du deuxième film de Thierry de Peretti présenté à la Semaine de la Critique de Cannes le printemps dernier. J’avais aimé son premier film, Les Apaches sorti en 2013, qui en racontant l’histoire de quelques adolescents chassant l’ennui de l’été en squattant la riche demeure d’un vacancier donnait une image de la Corse à mille lieues des clichés de carte postale.
Une vie violente affichait plus d’ambition encore : raconter de l’intérieur l’histoire de la lutte nationaliste. Une version corse de Buongiorno notte, le classique de Marco Bellocchio qui documentait à travers les yeux d’une terroriste les années de plomb en Italie, ou de Nos meilleures années, la saga de Marco Tullio Giordana.
Il n’y parvient qu’à moitié. Les luttes intestines du mouvement nationaliste resteront bien opaques au spectateur néophyte. Moi qui connais mal la Corse n’ai pas compris grand-chose aux divergences qui opposaient les nationalistes historiques aux jeunes qui ont contesté ses dérives mafieuses.
À défaut de nous faire comprendre les enjeux du conflit corse, Thierry de Peretti avait l’ambition de réaliser un grand film sur l’engagement militant et ses inévitables compromissions – comme Dostoïevski dans Les Possédés que lit, avec un brin d’ostentation, le héros. Là encore, le pari n’est qu’à moitié réussi. Car on n’est jamais touché par les personnages – trop nombreux et qui, du coup, peinent à prendre chair – ou par les situations – trop chaotiques et qui, du coup, n’émeuvent jamais. Une seule scène prend à la gorge : l’assassinat de sang froid de deux militants, tués à bout portant puis brûlés vifs dans leur automobile sous les yeux impuissants des journaliers qui travaillent dans les exploitations de la plaine agricole.
Loin de convaincre, les paysages corses, l’accent traînant des personnages, leurs tirades amphigouriques sur la grandeur de la cause nationaliste finissent par produire l’effet inverse de celui escompté : un décor artificiel de carte postale.