En Géorgie, au sortir de l’ère soviétique, le président démocratiquement élu est chassé du pouvoir par un coup d’État. Entouré d’un dernier carré de fidèles, il se réfugie dans la montagne. Il hésite sur la marche à suivre : prendre le chemin de l’exil ou tenter de reconquérir le pouvoir ?
Khibula est le nom de la localité de Mingrélie, dans l’ouest de la Géorgie,où le Président Zviad Gamsakhourdia a trouvé la mort le 31 décembre 1993 dans des circonstances non élucidées. Le film s’inspire de de ces faits réels ; mais il ne s’y résume pas.
Sans doute, le réalisateur géorgien George Ovashvili, remarqué pour son précédent film La Terre éphémère, réalise-t-il un film en prise avec les événements qui ont marqué la prime histoire de ce jeune État. Ses montagnes majestueuses, ses paysages enneigées en sont l’écrin.
Mais hélas, il veut donner à ce président déchu, à ce roi nu, une dimension plus intemporelle. Et c’est bien là le talon d’Achille de son film. Parce qu’on n’apprend rien de la présidence controversée de Gamsakhourdia. Il eut certes le mérite, à force d’anti-soviétisme et d’anti-russisme, de faire accéder son pays à l’indépendance mais en faisant peu de cas du respect des droits de l’homme et des libertés publiques. Khibula passe sous silence cette dimension-là, assimilant le président – dont le nom n’est jamais prononcé – à un martyr christique.
Privé de tout épaisseur historique, le président se réduit à une silhouette intemporelle. Un vieil homme en costume de ville – chemise blanche immaculée et cravate impeccablement nouée – condamné à arpenter sans fin de rudes chemins de montagne. Quelques soldats aguerris et barbus l’accompagnent ainsi que son premier ministre à la santé déclinante. Le film est quasiment muet qui filme dans de longs plans séquences la lente déambulation de cette petite troupe. Elle trouve refuge dans des chalets retirés où des paysans terrifiés lui donnent une hospitalité peureuse. C’est lent. C’est long.