Parce qu’une villageoise a chu devant elle en revenant du puits, Shula, neuf ans, est accusée de sorcellerie. Elle est condamnée à rejoindre un groupe de sorcières. Les pouvoirs de divination qu’on lui prête la valorisent autant qu’ils la stigmatisent.
I am not a witch nous vient de Zambie. Un pays moins connu pour sa production cinématographique que… que pour quoi au fait ? La Zambie fait partie de ces pays du monde qu’on serait bien en peine de caractériser. Aucune dictature sanguinaire, aucune guerre civile ne lui ont valu l’attention des médias. Ni safari ni huitième merveille du monde – sinon peut-être les chutes Victoria qu’elle doit partager avec le Zimbabwe limitrophe – n’attirent les tours operators.
À défaut d’autres titres de gloires, la Zambie pourra désormais se targuer d’avoir un film qui en porte les couleurs – même si sa réalisatrice a grandi au Pays de Galles et vit désormais au Portugal et que le film est une coproduction internationale. Pour autant l’image de ce pays d’Afrique australe n’en sortira pas grandie. Car c’est à une de ses facettes les plus sombres qu’il est consacré : la stigmatisation dont ses soi-disant sorcières font l’objet. Un phénomène qui n’est pas propre à la Zambie et qu’on retrouve dans d’autres pays africains. White Shadow, sorti en 2015, traitait un thème analogue, qui avait pour héros un albinos en Tanzanie, victime de brimades.
Rungano Nyoni aurait pu choisir le registre de la tragédie pour traiter de ce sujet. Elle prend une voie moins évidente : celui de la fable voire de la farce. C’est non sans humour qu’elle décrit les situations cocasses dans laquelle Shula est plongée, comme par exemple lorsqu’on lui demande d’identifier l’auteur d’un vol-à-la-tire.
Le problème est que la situation dramatique de Shula ne prête jamais à rire. Sans doute l’écueil du drame décrivant avec forces trémolos les injustices subies par cette enfant innocente a-t-il été opportunément évité. Pour autant, le registre de la comédie ne fonctionne guère mieux.