Taelor Ranzau a vingt-six ans. Dix ans plus tôt, son père est mort et lui a laissé une fortune. Mais la vie de Taelor n’est pas rose pour autant.
Southern Belle a marqué les spectateurs du Festival international de cinéma de Marseille l’été dernier. Il arrive sur nos écrans neuf mois plus tard. Il a pour héroïne une Paris Hilton texane, fille unique d’un père qui, pour punir la mère de Taelor dont il divorçait, a spolié sa femme pour léguer sa fortune de 500 millions de dollars à sa fille.
On imaginerait volontiers que, grâce à cet argent, Taelor vit une vie de princesse. Hélas il n’en est rien. Comme n’importe quelle white trash, de ceux qu’on voit dans 3 Billboards ou 8 Mile, Taelor passe ses journées avec une bande d’amis aussi décérébrés et oisifs qu’elle, à boire, se droguer et tirer au fusil d’assaut sur des lapins inoffensifs.
Le documentaire du Français Nicolas Peduzzi – qui fut un temps le boyfriend de Taelor avant de s’en séparer – suscite des sentiments ambigus. À première vue, il s’agit de l’accumulation complaisante, comme on en voit treize à la douzaine sur YouTube, de scènes d’alcool et de drogue, toutes plus trash les unes que les autres. Mais cette accumulation produit précisément un écœurement et une mise à distance. Beaucoup plus moral qu’il n’en a l’air, Southern Belle constitue en fait le procès en règle d’une certaine dérive de l’Amérique de Trump, pourrie par l’argent facile, sans boussole morale.
Entre un oncle cinglé, une père parano, une grand-mère mourante et quelques soi-disants amis camés jusqu’aux yeux, la belle Taelor constitue paradoxalement un môle de stabilité et de bon sens. Et la scène ultime qui clôt le film donne à son personnage une dimension que ses vaines déambulations dans Houston et ses environs ne laissaient pas augurer.