Dans le Pas-de-Calais, Hervé, la cinquantaine, travaille dans une usine de chaussures sur le point d’être délocalisée.
L’usine rouvre en Tunisie. Foued, la vingtaine, y est embauché.
Vent du nord colle deux histoires que rien ne rapproche sinon une usine qu’on délocalise, un train de banlieue et un bus de tourisme qui circulent sur deux voies parallèles durant quelques secondes et un feu d’artifice (tout s’éclairera en regardant le film).
C’est sa principale force. C’est sa principale faiblesse aussi.
Car il y avait sans doute quelque chose à tirer de ce parallèle, une sorte de « convergence des luttes » pour reprendre une expression à la mode en ces temps de grèves SNCF et d’occupations d’université.
D’un côté, l’histoire d’un lumpenprolétariat vieillissant dans le Nord de la France – comme on l’a déjà filmé cent fois. De l’autre celui d’un lumpenprolétariat beaucoup plus jeune dans la Tunisie des zones franches – qui, lui, l’a moins souvent été.
Le premier est au chômage, mais ne vit pas si mal : Hervé habite dans un petit pavillon, s’achète un hors-bord avec sa prime de licenciement et se paie même des vacances low cost en Tunisie avec sa femme. Le second vient de trouver un emploi, qui lui permettra de payer les frais de santé de sa mère malade et de se rapprocher de la fille qu’il aime, mais ne vit pas si bien faute de pouvoir réaliser ses rêves.
Vent du nord aurait pu entrelacer ces deux histoires. Mais le montage opte pour un parti pris différent. Pendant la première demie heure, la caméra reste à Boulogne. C’est seulement dans la deuxième qu’on part, sans transition, en Tunisie. Le temps d’y prendre ses marques, on revient en France. Du coup, au lieu d’avoir un film construit en miroir autour de l’opposition/ressemblance entre les deux situations, on a plutôt deux historiettes, deux nouvelles filmées bout à bout. Le résultat est tout autre. Pas sûr qu’il convainque.