Rim et Yasmina sont sœurs. La langue bien pendue, ces deux « blédardes » strasbourgeoises ne se cachent rien. Rim raconte à sa sœur ses relations avec Majid, un beau gosse dont elle est amoureuse mais auquel elle ne s’est pas encore donnée. Salim, l’inséparable ami de Majid, tourne autour de Yasmina.
Tout dérape quand Rim part en vacances scolaires, laissant Yasmina seule avec les deux garçons.
À genoux les gars raconte un drame de l’adolescence sur un mode léger. C’est ce qui fait son originalité. C’est ce qui aurait pu faire sa faiblesse tant la ligne de crête était étroite. Mais Antoine Desrosières parvient de justesse à s’y maintenir. Il avait annoncé la couleur avec Haramiste, un court métrage de quarante minutes dont À genoux les gars reprend le dispositif, les deux actrices principales, leur débit pétaradant, leur spontanéité. Il s’en dégage un parfum de vérité qu’on adorera (Télérama) ou qu’on détestera (Le Monde).
Car À genoux les gars refuse les deux veines que le cinéma emprunte traditionnellement : celle du naturalisme façon Dardenne et celle de l’esthétisation façon Kéchiche. Il se place sur un tout autre terrain, celui des vidéos des youtubeurs, tournées sans moyen ni grâce, avec pour seul ressort la folle énergie de ses acteurs, leur sens de la vanne, leur sincérité.
Plongé sans ménagement dans l’intimité de ce duo de filles, le spectateur redoute au bout de quelques minutes de s’y asphyxier. Une vidéo Youtube, c’est distrayant pendant un moment ; mais ça devient vite lassant. Il est sauvé par l’histoire. Car, sans avoir l’air d’y toucher, À genoux les gars a un scénario et ne se contente pas de filmer des ados qui se vannent. Il pose une question et il y répond.
La question est diablement sérieuse : le consentement des filles à la sexualité. Sujet dont il est inutile de souligner combien il est d’une brûlante actualité. Le film raconte le viol de Yasmina – car c’est bien d’un viol qu’il s’agit – comment elle y a consenti – car l’absence de consentement ne suffit pas à caractériser le viol de l’article 222-23 du code pénal – et comment elle en prend progressivement conscience.
Loin d’enchaîner les saynètes, À genoux les gars a un début, un milieu, une fin. C’est l’histoire d’une prise de conscience, d’une émancipation. Sa dernière scène est différente de toutes celles qui précèdent. Elle est merveilleuse. Je vous laisse la découvrir.