Naomi (Neta Riskin) est une agent du Mossad qui peine à se reconstruire après la tragédie qu’elle a vécue. Son chef, Gad (Lior Ashkenazi), lui propose une mission a priori sans risque : être la babysitteur de Mona (Golshifteh Farahani), une taupe exfiltrée du Hezbollah durant sa convalescence après l’opération esthétique qu’elle vient de subir afin de changer d’identité.
Le cinéaste israélien Eran Riklis n’est pas un inconnu. Il a déjà réalisé plusieurs films remarquables qui interrogent la place des Arabes dans la société israélienne : La Fiancée syrienne, Les Citronniers, Mon fils… Il change de registre en signant un film d’espionnage que l’affiche et le sous-titre sursignifiant destinent pachydermiquement à un public féminin.
Pourtant Le Dossier Mona Lina n’a rien de féminin ni de féministe si ce n’est le sexe de ses deux principaux protagonistes. Il s’agit d’un polar comme on en a déjà vu beaucoup. Le genre suit des règles éprouvées. Le Dossier Mona Lina n’y déroge pas. Mais les séries américaines (Homeland) ou française (Le Bureau des légendes) placent désormais la barre très haut qu’il n’est pas toujours facile de franchir.
Dans sa première partie, Le Dossier Mona Lina réussit à entretenir une ambiance paranoïaque. Le spectateur se met dans la peau de Naomi et, comme elle, voit partout des menaces : un appel téléphonique soi-disant mal aiguillé, un vendeur de journaux au regard insistant, un voisin à son balcon… Tout est dangereux, pour elle qui est parano et pour le spectateur qui est habitué à donner une signification à chacun des signes qu’on lui montre.
Le film perd de son intérêt dans sa seconde partie. Les deux personnages principaux sont lestés d’une lourde psychologie qui, sans qu’il soit ici question de déflorer l’intrigue, a trait à leur relation à la maternité.Et le film se termine, comme il est désormais d’usage, par un twist passablement alambiqué auquel je ne suis pas certain d’avoir tout compris.
Le résultat est globalement décevant qui nous avait mis l’eau à la bouche mais nous laisse sur notre faim.