Dans l’Angleterre encore corsetée par une morale victorienne, Florence et Edward viennent de se marier. Elle est la fille d’un petit industriel conservateur et d’une enseignante en philosophie à Oxford ; il est issu d’un milieu plus modeste. Leur inexpérience – ils sont vierges l’un et l’autre – n’a d’égale que leur fébrilité quand vient leur nuit de noces qu’ils passent dans un hôtel sur la plage de Chesil dans le Dorset.
Ian McEwan est à la mode cet été. Deux semaines seulement après My Lady – tiré de L’Intérêt de l’enfant – voici l’adaptation éponyme d’un autre de ses romans. On y retrouve toutes les qualités de son œuvre : le soin porté à la psychologie des caractères, la reconstitution minutieuse d’un temps révolu, la description des rapports de classe, portrait en creux d’une société anglaise plus lente à évoluer qu’on ne le pense.
Toutefois, et en dépit de la remarquable interprétation de Saoirse Ronan – qui n’est pas sans rappeler le rôle qu’elle tenait dans l’excellent Brooklyn – Sur la plage de Chesil pâtit de deux défauts rédhibitoires.
Le premier est sa mise en scène pataude, théâtrale, languissante qui en ralentit inutilement le rythme. La nuit de noces des deux jeunes époux est entrecoupée de flashbacks qui racontent leur rencontre et leur amour naissant. Le procédé, trop académique, devient vite lassant.
Le second est l’épilogue que le réalisateur a cru bon d’ajouter à l’histoire. Deux courtes scènes sont rajoutées censées se dérouler en 1975 et en 2007. Les acteurs y réapparaissent, odieusement grimés pour donner l’illusion de leur âge. Plus grave : cet épilogue dénature le roman qui se terminait différemment. Trahison d’autant plus étrange que Ian McEwan en personne a supervisé le scénario du film.