Dans la Pologne communiste de l’immédiat après-guerre, Wiktor (Tomasz Kot) est chargé de rassembler les trésors de la musique populaire et de créer une troupe folklorique. Il fait à cette occasion la rencontre de Zula (Joanna Kulig), une jeune femme récemment sortie de prison après avoir tenté de tuer son père. Entre le chef d’orchestre et la jeune femme, la passion éclate. Le couple vivra pendant une quinzaine d’années, de part et d’autre du Rideau de fer, une relation contrariée par les aléas de l’Histoire.
Après un premier film remarquable et pourtant passé inaperçu, My Summer of Love, Pawel Pawlikowski a connu la gloire grâce à Ida. Le film, qui racontait l’histoire d’une jeune novice en proie au doute à la veille de prononcer ses vœux dans la Pologne communiste des années cinquante, a obtenu l’Oscar du meilleur film étranger, un BAFTA, un Goya. Il a fallu patienter près de cinq ans pour voir son film suivant – en attendant l’an prochain son adaptation du Limonov d’Emmanuel Carrère.
Pour écrire Cold War, Pawel Pawlikowski, né en 1957 à Varsovie, exilé en Occident à l’adolescence, en Allemagne, en Italie puis en Angleterre où il s’installe définitivement et effectue le début de sa carrière jusqu’à son retour en Pologne en 2013, s’est librement inspiré de l’histoire de ses parents. Ils étaient, dit le réalisateur, follement amoureux l’un de l’autre et incapables de vivre ensemble. Leur histoire d’amour fut mise à mal par l’exil, la séparation forcée, les retrouvailles retardées. Tel est le sujet de Cold War, un film au titre bien mal choisi ; car si la Guerre froide constitue en effet l’arrière-plan de cette histoire, c’est la relation entre Wiktor et Zula, qui n’a rien de belliqueuse, ni de froide, qui en constitue le centre.
Cold War ressemble à Ida. Même noir et blanc poétique. Même format carré de l’image. Même paysages enneigés et glacials. Même Pologne étouffant sous la chape de plomb du communisme. Même élégance de la mise en scène – qui méritait largement le prix reçu pour ce motif à Cannes en mai.
Alors pourquoi deux étoiles seulement et pas trois voire quatre ? Parce qu’à la différence de Ida qui m’avait bouleversé, Cold War ne m’a pas ému. Parce qu’à force de garder l’émotion à distance, le film de Pawel Pawlikowski m’a laissé sur le bord du chemin. Parce que la perfection de chaque plan, les traits parfaits de Joanna Kulig, l’âpre beauté des chants polyphoniques slaves m’ont sidéré plus qu’ils ne m’ont touché.
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