Chilly Gonzales est un musicien hors norme. Fils d’un self-made man canadien qui fit fortune dans le BTP, il commença sa carrière dans le rap punk, au Canada d’abord, en Allemagne ensuite, avant de changer de style. Sans rien renier de ses provocations, il abandonne le chant pour le piano que ce génie né pratique sans jamais l’avoir appris. il rencontre le succès avec son album Solo Piano en 2004.
Philippe Jedicke lui consacre un documentaire bien sage qui retrace sa vie. On l’y voit au Canada, dans sa famille, en rivalité avec son père et avec son frère aîné qui est devenu musicien pour les studios d’Hollywood (il signe notamment la BOF Buffy contre les vampires) puis sur la scène underground berlinoise. Il collabore avec Peaches, Feist, Daft Punk et Jarvis Cocker, le leader de Pulp.
Chilly Gonzales n’est jamais aussi fascinant que quand il joue au piano. Il n’est jamais plus irritant que quand il parle de lui, laissant s’exprimer un ego boursouflé dont on sent confusément qu’il va de pair avec une immense timidité. Rarement titre de documentaire n’aura été plus approprié : « Tais-toi, Chilly, et mets-toi au piano ! »