Lisbeth Salander est de retour. La cyberpunk est recrutée pour remettre la main sur un logiciel permettant de contrôler l’accès aux sites de lancement d’armes nucléaires. Mais elle n’est pas la seule sur le coup : le NSA est de la partie ainsi qu’un mystérieux gang de mercenaires.
L’enquête oblige Lisbeth à se confronter à son passé : un père toxique et une sœur aussi blonde qu’elle est brune.
On sait que Stieg Larsson avait écrit une trilogie publiée après sa mort en 2004 et devenue populaire dans le monde entier. Ses ayants-droits ont confié à David Lagercrantz le soin d’en écrire la suite. Un quatrième tome est sorti en 2015. Publié sous le titre suédois Det som inte dödar oss (littéralement « Ce qui ne me tue pas »), bizarrement traduit en anglais The Girl in the Spider’s Web, le roman traduit en trente-huit langues connut un succès mondial que ne parvint pas à altérer les procès en paternité des fans les plus irréductibles de Stieg Larsson.
L’Urugayen Fede Alvarez, qui s’est fait une réputation en signant quelques films d’horreur pour adolescents boutonneux, a été recruté pour en signer l’adaptation. Il peine à faire oublier les quatre films précédents : les trois suédois directement inspirés de la trilogie avec Noomi Rapace dans le rôle de Lisbeth Salander et le film de David Fincher (inspiré du premier roman) avec Rooney Mara. Sa seule qualité : Claire Foy dans le rôle principal qui est décidément l’actrice de l’année’ avec sa prestation dans The Crown puis dans les films de Steve Soderbergh (Paranoïa) et Damien Chazelle (First Man).
Cette version de Millenium louche ostensiblement vers James Bond depuis son générique qui reproduit les tocs et les tics des productions signées Albert R. Broccoli (j’adore ce nom !). Comme dans James Bond, le héros/l’héroïne est indestructible et vient à bout, par son intelligence et par sa force, des plus redoutables méchants au terme de combats épiques filmés dans des décors à couper le souffle. Comme dans James Bond – et comme dans Mission Impossible ou Jason Bourne – on multiplie les gadgets électroniques et on voit défiler entre les bras du personnage principal quelques sylphides donzelles dénudées. Car Lisbeth Salander est une héroïne de son temps : femme, bisexuelle, punk, maîtrisant comme une seconde peau les arcanes du www.
Mais l’intérêt de cette superproduction hollywoodienne tournée sur les bords enneigés de la Baltique s’arrête là. Si on ne s’ennuie pas une seconde, on oubliera sitôt sorti de la salle, ce divertissement sans profondeur. Et on redoute par avance la sortie du suivant, tiré du tome 5, qu’on ira voir si et seulement si Claire Foy accepte d’y jouer.