Dans un Mexique dystopique où la violence des cartels fait rage, une petite fille vit avec son père dans la crainte des enlèvements. Junkie, il a déjà perdu sa femme et sa fille aînée et impose à sa cadette le port d’un masque pour cacher son sexe et tromper d’éventuels kidnappeurs. Il a la charge de l’entretien d’un terrain de baseball que fréquentent quelques voyous.
Un jour, le caïd l’invite à son anniversaire.
Julio Hernández Cordón a déjà réalisé sept longs métrages. Projeté à la dernière Quinzaine des réalisateurs, Cómprame un Revólver est le second seulement à sortir en France. Il s’inscrit dans une longue généalogie de films mexicains décrivant la violence insensée qui gangrène ce pays et dont les plus faibles – les femmes, les enfants… – sont souvent les victimes : Les Élues, Miss Bala, Después de Lucia, La Zona…
Dans un décor à la Mad Max, Cómprame un Revólver raconte l’innocence fracturée de l’enfance. On comprend vite que l’amour d’un père cabossé ne protègera guère la petite Huck d’une société régie par la loi du plus fort. Elle trouvera plus de secours dans la bande de petits orphelins qui rôdent autour du terrain.
Cómprame un Revólver est un film éprouvant. La tension permanente laisse augurer une explosion de violence dont ses héros, à chaque instant, risquent d’être victimes. Mais, bien vite, cette tension tourne à vide. À force de ne rien expliquer (qu’est-il arrivé aux femmes disparues ?), à force de refuser toute psychologisation de ses personnages, à force de se complaire dans des plans esthétisants, Julio Hernández Cordón se perd et nous perd.