Taupin (Gérard Depardieu), ancien taulard, et Foster (Christian Clavier), grand bourgeois en manteau en poil de chameau, se rencontrent au milieu d’un carrefour embouteillé. Taupin et Foster sont les deux acteurs d’un film en train de se tourner suivant un scénario en train de s’écrire.
Depuis plus de quarante ans, on aime – ou pas – le cinéma de Bertrand Blier, ses textes au millimètre, ses provocations, ses mises en abyme, ses obsessions. Les Valseuses, Buffet froid, Tenue de soirée, Trop belle pour toi comptent parmi les films les plus marquants du cinéma français.
Mais depuis vingt ans, cette veine s’est tarie. Diminué par la maladie, Bertrand Blier n’est plus que l’ombre de lui-même. Ses derniers films se réduisent à des bégaiements. C’est le cas de ce Convoi exceptionnel – un titre dont le sens échappe à la compréhension. On y retrouve Gérard Depardieu à bout de souffle, qui tourne avec Blier depuis toujours, et Christian Clavier dont c’est le premier film avec le réalisateur mais qui n’est pas pour autant un inconnu.
Certes, on prend plaisir à retrouver ces monstres sacrés, sortes de Vladimir et Estragon en quête d’auteur. On renoue avec jubilation avec l’ironie froide de Blier, son goût de l’absurde, ses contrepieds deconcertants. Mais passée la première demie-heure, la mécanique tourne à vide. Le plaisir cède la place à l’ennui. La machinerie chaotante se révèle dans toute sa nudité. Jusqu’au dernier quart d’heure maladroitement annexé à l’édifice qui achève de nous perdre.