Le monteur français Denis Parrot est allé sur Youtube glaner des vidéos de coming out postées entre 2012 et 2018. On y voit des garçons et des filles du monde entier y annoncer leur homosexualité ou leur décision de changer de sexe.
Il n’y a ni exhibitionnisme ni militantisme dans ces confessions. Leur montage n’a pas cette indécence. Il véhicule un message simple sinon simpliste : l’homosexualité n’est pas un choix mais un état dont on ne devrait pas avoir à faire la révélation. Et ceux qui la font sont autant de sources d’inspiration pour ceux qui n’ont pas encore eu le courage de franchir le pas.
Ce tour du monde du coming out soulève bien des questions et apporte plusieurs réponses. Un témoignage d’un Japonais et d’une Sud-africaine ainsi que celui, poignant, d’un Russe qui vit aujourd’hui au Canada et qui raconte l’homophobie qui règne dans son pays, tissent une géographie très partielle du coming out, sans doute plus facile à faire dans l’Occident libéral que dans les sociétés qui pénalisent l’homosexualité et la transidentité. Posté sur les réseaux sociaux, le coming out s’adresse à tous ; mais il est en général annoncé à une seule personne : la mère beaucoup plus souvent que le père et jamais un ou une amie. Les témoignages proviennent exclusivement de jeunes voire de très jeunes gens. Aucun coming out d’adultes étonnamment : personne ne fait-il son coming out à trente ou quarante ans ? ou personne à cet âge ne le fait-il sur YouTube ?
Dans un cas, le coming out se passe mal. On y entend plus qu’on ne voit les tombereaux d’injures dont un malheureux adolescent dans le Sud des États-Unis est agoni lorsqu’il fait sa révélation. Dans la plupart des cas au contraire, on assiste à des scènes émouvantes d’épiphanie familiale où l’anxiété de celui qui fait son coming out n’a d’égale que l’amour dont lui témoigne en retour la mère ou la grand-mère à laquelle cette confession est destinée.
La scène la plus désopilante, la plus légère et au fond la plus juste est celle où l’on voit sur le même plan le fils et sa mère. « Maman, j’ai une confession à te faire… » dit-il tout tremblant « Oui ? Tu es hétéro ?? » répond sa mère en riant. « Mais non, je suis GAY » confesse-t-il en éclatant en sanglots. « Mais je le savais depuis toujours et je t’aime comme tu es » lui répond-elle en l’embrassant.